Salamandre
Salamandre
Témoignage de Damascios d’Alexandrie, après le meurtre d’Hypatie, Ve siècle ap. J.-C.
Ils ont tué la lumière : la plus belle et la plus sage des femmes, la gracieuse Hypatie, fille de Théon d’Alexandrie. Dire que son esprit surpassait tous les philosophes du Sérapéum et du monde civilisé est un euphémisme. Ses réflexions sur les mathématiques et sa connaissance des théorèmes ont fait avancer les sciences. Elle enseignait à l’école néoplatonicienne la philosophie et l’astronomie et une foule immense accourait pour l’écouter ou admirer ses constructions complexes : astrolabe ou hydromètre. Bien sûr, elle bravait les conventions, ne craignant pas de se mêler à une assemblée d’hommes mais son cœur noble, son esprit affuté et son aura lui attiraient le respect des magistrats. Et lors des débats, nombreux lui prêtaient attention et se rangeaient à son avis. Il arriva qu’un de ceux-là tombe sous son charme et tente de la séduire à son tour mais, patiemment, elle l’éconduisait, jouant de la musique pour étouffer ses ardeurs. La rumeur veut qu’elle ait toute sa vie durant conservé sa virginité. Cela n’a pas empêché les Parabalani de l’accuser de sorcellerie et de la trainer dans toute la ville. Après avoir meurtri son corps, ils la brûlèrent, s’extasiant d’avoir détruit les derniers restes de l’idolâtrie dans la cité. C’est au contraire les plus grandes ténèbres qui venaient de se jeter sur nous. Et tandis que je pleurais de chaudes larmes au pied de son bûcher, je vis les braises rougeoyer et je fus persuadé d’entendre sa voix s’élever pour me consoler : « ne t’en fais pas, je renaîtrai ».
-
Portrait de Salamandre, Nicolas Camiade
-
-
-
-
-
Références dans les suppléments suivants
Ka, p.40
Livre de Base II, p.20
Livre de Base I, p.12
Théâtre de la Mémoire, p. 143